La contribution des Français au cinéma québécois
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La Patrie, 23 janvier, 1935, p.13
Source : Bibliothèque et Archives nationale du Québec
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Affiche du film Maria Chapdelaine (Julien Duvivier, 1934).
Source : Cinémathèque québécoise, 1988.2299.AF
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Image tirée du film Le père Chopin (Fedor Ozep, 1945).
Source : Cinémathèque québécoise 1995.2188.PH.08
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L'équipe du programme radiophonique Le ciel par-dessus les toits mettant en vedette Guy Maufette accompagnée pour la photographie par Aloysius Vachet (en bas à droite) et Lionel Groulx (en bas à gauche).
Source : Cinémathèque québécoise, 2001.0661.PH
La contribution des « cousins » français est importante dans les deux décennies, de 1930 à 1953.
Les « cousins » et la distribution
En juillet 1930, les principaux producteurs français, qui voient dans le Québec un débouché naturel pour leurs films, confient à Robert Hurel, un compatriote, la charge de les représenter au Canada. Ancien employé de la Paramount en France, Hurel connaît bien les rouages de la distribution et il connaît un peu le Québec pour y être venu en 1929. Le mois suivant, il met en place la Compagnie cinématographique canadienne, connue surtout sous le nom de France-Film, qui en peu de temps devient la principale firme de distribution et d’exploitation du film français et du film en français. Ce rôle de leader de France-Film se maintiendra jusque dans les années 1950. Dès 1934, la firme devient toutefois la propriété d’hommes d’affaires canadiens-français.
Un Français tourne Maria Chapdelaine au Québec
Toujours en 1934, alors que le cinéma français connaît une grande popularité au Québec, Julien Duvivier vient tourner à Péribonka la première adaptation du roman Maria Chapdelaine écrit deux décennies plus tôt par Louis Hémon, un Français venu connaître les gens et les paysages du Québec. De grandes vedettes françaises, Jean Gabin et Madeleine Robinson, tiennent les rôles principaux. Le roman est déjà connu internationalement et cette histoire obtient un très grand succès quand France-Film le diffuse en 1935. Maria Chapdelaine connaîtra deux autres adaptations, l’une par Marc Allégret en 1950 et l’autre par Gilles Carle en 1984.
En 1939, Aloysius Vachet, prêtre français possédant une petite compagnie de production, Fiat Films, réalise Notre Dame de la Mouise, en partie avec des capitaux québécois apportés par J.A. DeSève. C’est la première coproduction entre le Québec et la France. La collaboration entre les deux hommes est interrompue par la Seconde Guerre mondiale, mais elle reprend dès 1946 quand Vachet vient s’installer au Québec pendant cinq ans et devient l’un des piliers de Renaissance Films.
Des films parlants français et québécois sur les écrans
Au début de 1944, Charles Philipp, fort d’une longue expérience de production en France, vient s’installer au Québec où il fonde Renaissance Films en vue de la production de longs métrages pour les salles. Il a déjà en mains le scénario du Père Chopin, signé Bella Daniel (qui serait son pseudonyme, formé des prénoms de son épouse et de son fils). Le tournage s’effectue durant l’été, sous la direction de Fedor Ozep, réalisateur d’origine russe, ayant longtemps vécu en France, et la première peut avoir lieu le 19 avril 1945. Il s’agit d’une gentille histoire de retrouvailles de deux frères français que la vie avait séparés dans l’enfance, l’un se retrouvant professeur de musique dans la campagne profonde du Québec, l’autre devenant un riche industriel à Montréal. Presque tous les rôles principaux sont interprétés par des Français (Marcel Chabrier, François Rozet, Madeleine Ozeray), mais plusieurs jeunes Québécois, dont Guy Mauffette, Pierre Dagenais et Ginette Letondal, sans compter Ovila Légaré, y font également leurs marques. Le succès du Père Chopin est instantané et il inaugure des perspectives alléchantes pour l’avenir.
Des cousins qui savent s’entraider
Après Le père Chopin, c’est le début d’une période faste pour le cinéma québécois. L’aide d’artisans français sera significative. Certains sont déjà là, comme Paul Gury, auteur et metteur en scène de théâtre qui se convertit au cinéma le temps de quelques films ; ou la jeune comédienne Janine Sutto qui a déjà fait sa place à la scène. Deux ans après Le père Chopin, Ozep tourne La forteresse pour Québec Productions. Viennent ensuite des réalisateurs comme René Delacroix (catholique et ami de Vachet), des comédiens comme, René Dary, des techniciens comme Claude Perrier, José Ména et Anton Van de Water. Devant ou derrière la caméra, ils apportent tous une expérience dont savent profiter les jeunes Québécois qui les assistent. Plusieurs vont demeurer au Québec pour y faire carrière.