Jean-Yves Bigras (1919-1966)

Jean-Yves Bigras entre à l’Office national du film en 1943. Il y apprend les métiers de monteur et de réalisateur, et travaille notamment à la grande série « Canada Carries On ». Il participe également à un moyen métrage pour enfants, The Boy Who Stopped Niagara (1947), qui lui fait découvrir la fiction, un mode de création qui n’est pas privilégié par l’ONF.

Il passe donc à Renaissance Films Distribution pour prendre en charge leur projet de production éducative. Mais celui-ci fait long feu. Il se retrouve alors assistant de René Delacroix sur Le gros Bill (1949) pour les séquences d’action. Cette expérience le met en bonne position pour être le premier Québécois à réaliser un long métrage de fiction, tous les autres l’ayant été par des immigrants. Bigras dirige donc le banal film à chansons Les Lumières de ma ville (1950). Néanmoins, J.A. DeSève lui réitère sa confiance et lui confie la réalisation de La Petite Aurore l’enfant martyre (1951) qui s’avère un réel succès public et une œuvre emblématique de la production québécoise d’alors. Dès l’arrivée de la télévision, Bigras entre au service de Radio-Canada dont il devient l’un des principaux réalisateurs. Cependant, il n’abandonne pas tout à fait le cinéma car c’est à lui que revient « l’honneur » de réaliser le dernier long métrage québécois des années 1940-50, L’Esprit du mal, un pitoyable mélodrame qui ne trouve pratiquement aucun écho public et critique.